Drive, de Nicolas Winding Refn, un polar obsédant

Connu pour son style moderne et novateur, Nicolas Winding Refn se fait un nom avec la trilogie «Pusher», unanime succès critique. Né au Danemark en 1970, Winding Refn vit depuis l’âge de huit ans aux Etats-Unis. Son dernier long-métrage, « Drive », est adapté du bouquin de James Sallis. Au final, « Drive » est un film extrême qui s’inscrit parfaitement dans la réflexion du réalisateur, pour qui : « L’art est un acte de violence. »
Drive, Ryan Gosling, réalisé par Nicolas Winding Refn, cineart
« Ce n’est pas vraiment l’histoire qui m’a attiré, mais plutôt le concept du héros aux multiples personnalités, qui est cascadeur le jour et qui loue ses services à des malfrats la nuit. J’ai trouvé cette idée très intéressante, » confie le réalisateur, qui se plaît à se décrire comme minimaliste et dont le credo est : moins on en fait, mieux c’est. «  Ce que je voulais, c’est qu’en dix secondes, on ressente la romance et la violence. Deux extrêmes en peu de temps. Tous les personnages du film sont des archétypes, issus de contes. Los Angeles même semble issu d’un conte de fées, et c’est normal : la ville elle-même est une ville d’illusions. La cité des anges…»
Ainsi, le long-métrage est très différent du livre de James Sallis dont il s’inspire. Plus linéaire et plus accessible. « La principale difficulté était que le livre (…) multiplie les flash-backs et fait constamment des sauts dans le temps. C’est un choix de structure très intéressant pour un livre, mais difficile à appliquer à un film grand public», comme l’ explique Hossein Amini, scénariste de « Drive », et auparavant nominé aux Oscars pour son adaptation des « Ailes de la Colombe », d’Henry James.

« Drive », c’est aussi une BO. Tout comme Tarantino, la musique intervient très rapidement dans le processus de création de Winding Refn. « Avec elle, je vois immédiatement le processus visuel. La musique a toujours été pour moi inspiratrice, plus que les drogues» et de rajouter : « Pour ce film-ci, la musique se devait d’être électronique, pour évoquer le côté masculin de la voiture. Et je voyais bien un côté début des années 80, avec un son européen. Sur le plateau, j’écoutais sans arrêt Kraftwerk et Brian Eno, histoire de rester dans l’ambiance. »
Rythmé par une entêtante et mécanique bande son eighties, « Drive » est un bolide inarrêtable. L’univers rose bonbon craque rapidement pour libérer un torrent de rage dans une atmosphère menaçante, celle d’une méconnue et sombre Cité des Anges. Le tout est brillamment porté par une gueule d’ange inquiétante, trop lisse pour être honnête, celle de l’hypnotique et peu volubile Ryan Gosling. Sur un scénario minimaliste, Nicolas Winding Refn signe ici un envoûtant et obsédant polar.
Sources:
- Le communiqué de presse

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