Habemus Papam, de Nanni Moretti: le Pape est mort

Né le 19 août 1953, Nanni Moretti est un réalisateur et acteur de cinéma italien. Ses deux premiers courts-métrages voient le jour en 1973: « Pâté de bourgeois » et « La défaite ». Mais c’est en 1976 que sort son premier film: « Je suis un autarcique ». En 2011, « Habemus Papam » envahit les salles obscures. Nanni Moretty y dirige Michel Piccoli en Pape en proie au doute.
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Le Pape est mort, vive le Pape. Par l’ampleur de la tâche et les responsabilités qu’il induit, le trône de Saint Pierre a souvent été plus que redouté que désiré, comme l’explique Olivier Tosseri, dans le magazine La Vie.

C’est ainsi que débute le film de Moretti, Habemus Papam
. Le Pape est mort, le Conclave se réunit donc afin d’élire son successeur. Les bulletins de vote sont dépouillés. Un à un. Lentement. A l’annonce de leur nom, les prétendants au Saint Siège frémissent de peur. Quand soudain, le nom du successeur est dévoilé: ce sera Melville. Soufflé par cette décision, Melville tente de surmonter son angoisse et d’afficher la joie que doit lui procurer cette nouvelle. La fumée blanche s’élève et les fidèles investissent la place Saint Pierre afin de découvrir le visage du nouveau souverain pontife. Mais il ne se présentera jamais. Melville craque et s’enfuie. Un psychanalyse est alors invité au Vatican afin de trouver une explication à ce départ.

"Crise de foi", mythe ou réalité ? En fait, il existe un cas de refus de porter la tiare. Celui du cardinal Hugues Roger, évèque de Tulle, au 14 iéme siècle. Élu à la mort d’Innocent VI, il n’accepte la charge qui lui incombe. La raison est purement économique. Propriétaire d’un immense patrimoine, il ne souhaite que le fructifier…
En outre, de rares exemples de démissions se rencontrent au sein de « l’histoire pontificale ». Les motifs d’abdications résultent d’accointances et d’intrigues politiques, ou sont motivés par l’inexpérience.
C’est sous cet angle que Nanni Moretti construit son film. Loin de toute actualité. Mais, comme le déclare Nanni Moretti: « J’essaie d’éviter de raconter au public ce à quoi il s’attend. Cela ne m’a jamais intéressé,à travers mes films, de réitérer ce que le public connaît déjà, je n’aime pas faire de clins d’œil au spectateur en le renvoyant à l’actualité. Sur les scandales qui concernent l’église catholique (par exemple la pédophilie ou la finance) il existe des livres, des documentaires, des articles de journaux. J’ai préféré ne pas me faire conditionner par l’actualité. C’est une histoire inventée : mon film raconte mon Vatican, mon conclave, mes cardinaux. »
Et de rajouter, en présentation de « Habemus Papam »: « Cela m’intéressait de faire coexister dans un même film la comédie et le drame, le registre grotesque et le registre réaliste. Fuyant le conclave de cardinaux qui est le fruit de notre imagination, mais dont nous avons respecté les vrais rituels et les liturgies, le Pape s’enfuit du Vatican. Il se promène dans la ville, où il entre en contact avec des réalités auxquelles il ne se confrontait pas depuis longtemps. Son errance dans Rome les portera, lui et le public à se poser des questions. Le psychanalyste reste en revanche prisonnier dans le Vatican où, après une première phase d’égarement, il semblera même se trouver à son aise. »
Après s’être moqué de la gauche, du rapport entre parents et enfants, de son milieu social, de l’école, du monde du cinéma, du cancer (dont il a été atteint), voici que Nanni Moretti, prochain président du festival de Cannes, s’attaque à la religion et au monde de la psychanalyse.

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