Kinshasa Symphony

« La musique m’aide à penser et à mieux planifier ma vie. Et même si les répétitions sont souvent laborieuses et les progrès pas reconnaissables immédiatement, le fait de faire de la musique en commun aide à surmonter de nombreuses choses »,  Armand Diangienda, fondateur et chef d’orchestre de l’OSK, qui fête ses 15 ans.

Dans l’obscurité totale, les deux cents musiciens de l’Orchestre Symphonique Kimbanguiste jouent avec passion la neuvième symphonie de Beethoven, “L’ode à la joie”. Une mise en scène? Non, quelques mesures avant l’achèvement de l’ode une panne de courant survient. Mais les musiciens restent imperturbables. Rien ne les arrêtera ! Une belle leçon !
« Kinshasa Symphony » est un documentaire consacré à l’OSK ; c’est un film sur le Congo, sur les Kinois et sur la force de la musique. « Kinshasa Symphony » accompagne notamment Chantal, Joseph, Albert et Armand, quatre musiciens de l’OSK. Comme le déclare avec enthousiasme et fascination Martin Baer, un des réalisateurs : « Ce que nous voulions montrer c’est que dans une ville aussi chaotique que Kinshasa, des êtres humains peuvent accomplir des choses extraordinaires », avant de renchérir : «  La structure et la situation au Congo (par rapport à  l’Allemagne, NDLR) est totalement différente (…) pourtant, entre un musicien de Berlin et du Congo les différences ne sont pas si grandes. »
La plupart des musiciens sont des amateurs et  tous sont autodidactes. Joseph est coiffeur et électricien ; Armand, le chef d’orchestre et le fondateur de l’OSK, et qui est le petit-fils de Simon Kimbangu, ancien martyr glorifié au Congo qui a combattu les colons Belges, est pilote de formation.
De la débrouille et de la bidouille
A ces débuts, l’OSK était constitué de 12 mélomanes. «  Nous n’avions que cinq violons, chacun jouait 20 minutes et  le passait à un autre », confient Armand Diangienda. Quinze ans plus tard, le système D fait toujours partie de l’Orchestre. A l’image d’Albert qui construit une nouvelle contrebasse. Ou de Joseph, qui est altiste et responsable de l’éclairage ! De même, les complets et les robes sont cousus par les musiciennes qui se chargent également d’organiser les partitions.
« Kinshasa Symphony montre Kinshasa avec toute son opulence, sa vitesse, sa somptuosité des couleurs, sa vitalité et son énergie. La sonorité de cette ville et la sonorité de son orchestre sont transmises par un concept qui allie la musique et l’atmosphère de Kinshasa. Durant de nombreuses années, tout ceci n’était pas seulement difficile, mais aussi interdit officiellement : le dictateur Mobutu voulait éviter que le monde voit des images du déclin de son pays. C’est la raison pour laquelle il n’y a du Congo, si tant est qu’il y en ait, que des images d’actualité dans le « style reportage ». « Kinshasa Symphony » montrera une autre image du Congo. »

“La musique donne une âme à nos cœurs et des ailes à la pensée”, Platon

La musique commune, le travail de répétition et finalement les concerts de l’orchestre, qui regroupent nos protagonistes et plus de deux cents autres « Kinois » sont des images grandioses pour la force et la détermination avec lesquelles la société civile congolaise veut se libérer d’un cercle vicieux qui a duré plusieurs dizaines d’années d’oppression coloniale, de tyrannie, de pauvreté et de guerre.”
Langage de passion, de liberté, de (re)construction, l’OSK est tout le symbole du Congo. Laissez-vous transporter par cette fougue et cette puissance qui prend tout son ampleur dans les magnifiques interprétations de Carmina Burana ou de la septième symphonie de Beethoven! Tout simplement grandiose !

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