Gasland, la croisade de Josh Fox contre l’extraction du gaz de schiste !

Au nom de la peur du tout nucléaire et de l’épuisement des ressources naturelles, faut-il forer les sols à la recherche de gaz de schiste ? Metteur en scène et réalisateur de fiction, Josh Fox répond, sans concession: « NON ». Et pour appuyer son propos, il nous livre un passionnant et effrayant documentaire: Gasland, vers une nouvelle catastrophe écologique.
Gasland, Josh Fox
« Je suis un trouveur, je cherche la vérité et je considère que le fait d’avoir une éducation vous donne des responsabilités », déclare Josh Fox, le réalisateur de Gasland. Un projet qui le tient en haleine durant un an et demi. Tout commence en 2008/2009. Nous sommes en Pennsylvanie, au bord de la rivière Delaware. Le père de Josh Fox reçoit une étrange lettre de la société Halliburton. La compagnie gazière lui propose de louer son terrain. Contre 100 000 dollars, Halliburton installe des discrets puits de forage: « Vous ne remarquerez qu’à peine notre présence », rassure t-elle. Le but de ces puitsl’extraction de gaz de schiste par fracturation hydraulique (vidéo). Dubitatif, le père contacte son fils et lui demande de jeter un œil sur cette curieuse histoire.
Josh Fox s’exécute. Il parcourt les Etats- Unis et se rend à Dimock. Ce qu’il découvre l’horrifie. Destruction et pollution des nappes phréatiques, dévastation de la faune et de la flore, problème de santé pour les habitants (cancers, etc.), le réalisateur se confie: « Quand je suis revenu, je savais qu’il fallait empêcher que ça se produise chez moi et que je devais enquêter là-dessus parce que ça relevait du scandale national.  Alors qu’au départ c’était juste un film pour informer mes voisins ! »

Non dépourvu d’humour, Gasland est un passionnant documentaire. Il met en lumière les conséquences dévastatrices de l’extraction de gaz de schiste. Filmé caméra sur l’épaule, le film ressemble à une véritable enquête. De Dimock, en passant par le Colorado, le Wyoming, l’Utah et le Texas, Josh récolte les témoignages de nombres d’habitants, tous impuissants et las de voir cette catastrophe écologique se dérouler impunément sous leurs yeux…Une omerta que brise le réalisateur en s’invitant au Congrès lors des discussions d’un sous-comité sur le Fracturing Responsability and Awareness of Chemicals Act, une loi visant à amender le Safe Drinking Warter Act pour supprimer une certaine permissivité envers la fracturation hydraulique, permise, elle même, par le Energy Policy Act. En outre, des scientifiques, mais également des personnalités politiques et des représentants de l’industrie gazière se succèdent devant la caméra de Josh.
Josh Fox, réalisateur de Gasland
Plus de 200 heures d’enregistrement constituent la matière brute que Josh Fox et Matthew Sanchez s’efforcent alors de monter avec brio: Nous  nous sommes inspirés « du cinéma expérimental et notamment d’une de nos grandes références : Jean-Luc Godard ! Plutôt que “Que ferait Jésus à notre place ?” pour nous guider, nous avions un WWGD sur notre frigidaire pour “What would Godard do ?” (“que ferait Godard à notre place ?”) »,comme l’explique Fox avant de renchérir: « Même si nous voulions en faire un projet mainstream, ça nous paraissait essentiel d’y ajouter notre fibre artistique. »
Un travail dévoilé au jour le jour afin de tenir informé les gens sur une catastrophe jusqu’alors cachée au plus grand nombre: « Nous projetions le film au fur et à mesure que nous le produisions pour informer les habitants de la région du haut Delaware : nous montrions des bouts de 10 minutes, 30 minutes… »
Trois ans après le tournage de Gasland, la prise de conscience est réelle. Mais, comme le déclare Josh Fox à Politis.fr, la situation ne s’améliore guère: « Les choses ont empiré, aux États-Unis mais aussi à l’étranger. Il y a beaucoup plus de puits. Nous avons bien cru pouvoir décrocher un moratoire national ici, mais cela semble compromis aujourd’hui », déplore t-il et de rajouter: « Alors on continue de faire campagne pour. Mais une chose a changé, c’est l’énorme prise de conscience du problème au niveau mondial. C’est devenu un « buzz », et c’est une bonne chose parce que l’exploitation du gaz de schiste est un désastre. »

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