FOMO: Sous le joug du temps réel

« Où le choix commence, finissent le paradis et l’innocence, » Arthur Miller, extrait du journalSaturday Evening Post, 1964
Le FOMO, Fear Of Missing Out, c’est cette peur de rater quelque chose. Cette angoisse de se déconnecter de la machine de l’information qui continue de tourner 24H/24H. L’infobésité. Le FOMO, c’est être confronté à nombres d’alternatives pour lesquelles le quidam ne peut se décider. Un embarras du choix, un «caprice de riche » qui existe depuis toujours, certes, mais qui est aujourd’hui démultiplié avec les réseaux sociaux. Toutes ces demandes d’événements sur facebook, ces réactions seconde par seconde sur Twitter, ces propositions de lecture, ces renvois vers des données, etc. En résumé, le FOMO à l’ère 2.0 représente l’immaturité de notre relation face aux nouvelles technologies. Seul ensemble ou pourquoi attendons-nous plus de la technologie et moins les uns des autres ?, comme l’écrit Sherry Turkle.
« Se révolter, ou s’adapter, il n’y a guère d’autres choix dans le vie », Gustave Lebon
Compenser cet étouffant embarras du choix que l’on nous impose (ou que l’on s’impose ?). Twitter, Facebook, Google +, Skype, LinkedIn, Foursquare, Instagram, Flickr, Pinterest, etc. pour ne pas être largué, il faut toujours être connecté. Alors on agrège le contenu. On compile les données de nos réseaux sociaux préférés. On réduit son spectre, encore et encore. Afin de mieux suivre les gazouillis sur Twitter, on utilise TweetDeck, ou Hootsuite, pour ne citer qu’eux. Pour mieux se tenir informé de l’actualité, qui en temps réel ne cesse de nous fournir des nouvelles, on les agrège sur Flipboard, par exemple. Tandis que d’autres lui préfèrent Storify, etc.
En somme, pléthore d’outils qui masquent notre incapacité à gérer la technologie qui se renouvelle trop vite pour nous.  Pour bien la maîtriser, en comprendre toutes les subtilités comme les impacts sur notre vie en société, un temps d’adaptation et d’introspection est nécessaire.
FOMO
The Slow Web, Jack Cheng
Stop !, scandent les adeptes du manifeste « Sabbath », qui propose de « ralentir dans un monde trépidant », dans lequel tout à chacun étouffe sous une pile de messages que notre cerveau, au bord de l’implosion, ne peut traiter. Cette schizophrénie de l’information. Et aux partisans du manifeste de proposer 10 règles de vie, aussi simples que bibliques, au risque d’emmêler mon tempérament agnostique dans le monde des religions : 1- évitez la technologie, 2- connectez vous avec les personnes que vous aimez, 3- prendre soin de votre santé, 4- sortez, 5- évitez le commerce, 6- allumez les bougies, 7- boire du vin, 8- mangez du pain, 9- trouvez le silence, 10- donner en retour.
Stop !, renchérissent les partisans du manifeste « The slow web », qui est l’antithèse du temps réel et dont la philosophie est que personne ne doit être esclave de l’information et des nouvelles technologies. Que chacun à une vie, et que chacun se doit d’en profiter.
Sus à la cyberdépendance. Jeudi 22 avril 2013 à Bruxelles: ciel bleu, soleil et léger vent frais,  je vous attend au Parc Royal, non loin de mon boulot pour profiter des gazouillis autres qu’en 140 caractères. Parole de geek: la technologie, c’est bien, c’est pratique, ça sociabilise, mais à condition de se discipliner. En gros, et si on retirait de temps en temps les doigts de la prise ? ;)
choice
Will Lion, Flickr
Pour aller plus loin:
- « Paradoxe de l’amitié : vos amis ont plus d’amis que vous-même », dispose Thomas Bourdeau, journaliste à RFI, et de rajouter: « Il y a des raisons à tout cela, dont une qui est statistique. Le compte Twitter du voisin sera toujours forcément mieux, le profil de l’autre aura toujours plus d’amis. On parle dans ce cas du paradoxe de l’amitié. Il a été découvert en 1991 par le sociologue Scott Feld dans une étude intitulée « Pourquoi vos amis ont plus d’amis que vous-même ». En bref, on n’aura jamais autant d’amis que ses amis.»
L’hystérie de l’information, perdu au milieu de l’incessant flux d’actualité avec cette envie de tout lire, de tout savoir en temps réel. Et pourtant, comme le déclare Peter Lauffer, journaliste: " C’est ok de lire demain les nouvelles d’aujourd’hui."

Commentaires

Articles les plus consultés