Des communautés sur le web: l’organisation élégante préconisée par M. Zuckerberg, facebook

« I’d like to build a way for people doing good work to connect, to learn from each other, protect each other, and then I want to get out of their way, » Craig Newmark, fondateur de Craiglist
En 2007, lors du Forum économique mondial de Davos, un patron d’une entreprise de presse interpelle Mark Zuckerberg pour lui demander comment construire et s’approprier une communauté. Âgé de 22 ans, le créateur et le dirigeant de facebook déclare, d’une manière laconique: « Vous n’y arriverez pas. » Plus tard, lors d’une intervention publique, Zuckerberg expliquera que les communautés existent déjà, qu’elles n’appartiennent à personne et que la question à se poser est: comment mettre à leur disposition une « organisation élégante » ?
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Facebook, homepage, 30/12/13
Jeff Jarvis, professeur de journalisme entrepreneurial à l’université de New-York, rédige un billet de blog sur une anecdote lâchée par Mark Zuckerberg lors de ce forum. Alors étudiant à Havard, en pleine création de ce qui deviendra facebook, Zuckerberg ne peut assister au cours de dessin. L’emploi du temps de l’ambitieux entrepreneur se heurte à celui du servile écolier. Une semaine avant l’examen final, le stress monte: comment rattraper ce temps de bachotage perdu ? Comment récupérer les cours ?
C’est alors que Mark Zuckerberg décide de glaner sur la Toile toutes les œuvres étudiées afin de les rassembler sur un site web. Sous chacune d’elles, un champ vide est laissé. Zuckerberg adresse ensuite un email à tous les étudiants en mentionnant qu’il avait réalisé un polycopié électronique afin que chacun puisse réviser. Les camarades de classe de Mark s’y rendent et le complètent du minimum à savoir sur l’espace dédié. Un travail collaboratif qui porta ses fruits, et pas seulement pour le futur patron de la maintenant célèbre firme de Palo Alto: « Zuckerberg got an A. And the prof told him that the grades in the class improved 10 percent over previous years, » conclu Jeff Jarvis.
Mark Zuckerberg n’avait fait qu’apporter aux étudiants un moyen pratique afin qu’ils puissent, ensemble, travailler. Il avait aidé à mieux faire ce que chacun, dans son coin, accomplissait: à savoir réviser. En résumé, il avait proposé aux élèves de sa classe de dessin une « organisation élégante. »
Ce que facebook, à une échelle mondiale, nous apporte. Une plateforme qui peut nous aider à organiser notre vie sociale. Bien sur, certains diront que cela n’est que foutaise et outils web superflu, que nous pouvons le faire autrement, que nous le faisions autrement avant. Que facebook n’est que la fenêtre sur cour d’Hitchcock, une structure qui n’a pour but que d’assouvir notre penchant voyeuriste (et d’exposer notre égotisme aux yeux de tous). Sauf qu’il répond à un besoin. Sauf qu’il permet, aisément, à des communautés de se rassembler autour d’intérêts communs, de valeurs communes, d’entreprises communes, etc. Bref, tout ceci est un autre débat, captivant, mais qui n’est pas l’objet de cette bafouille.
Ce qu’il faut retenir c’est que les communautés existent déjà, et qu’elles n’obéissent et qu’elles n’appartiennent qu’à elles-mêmes. Si l’une d’entre elles se rassemble autour de vous, si vous avez la chance qu’elle vous laisse l’aider: « ne succombez pas à la tentation de vous l’approprier, » remarque Jeff Jarvis, dans son ouvrage « La méthode Google. »
communityUne communauté n’est pas taillable et corvéable à merci, elle n’est pas esclave d’une entreprise, d’un média, d’une marque. Une communauté se gère par elle même. La communication passe alors par un dialogue, une conversation avec leurs membres. « Se joindre à une conversation, c’est collaborer, » dispose Jeff Jarvis. C’est aussi respecter, écouter: « Right now, the biggest shared value that I can think of is that you should treat others the way you want to be treated, and just have some good sense about what matters to you, » comme le clame Craig Newmark, le fondateur de Craiglist ( et qui se présente comme le directeur du service client dudit site de petites annonces sur le web).  « The point is that Craig did not create a marketplace he would control, as newspapers did, » rajoute Jeff Jarvis avant de renchérir: « he created a marketplace the community built and he supports that with customer service. He serves the community as a member. »
Pour aller plus loin: En écoutant les désirs de sa communauté, ebay ne cesse de se perfectionner et de mettre à la disposition des chalands et des vendeurs des outils adéquats. Néanmoins, je reviens sur une fausse anecdote que j’ai lu dans un article de presse. Un mythe autour du site de ventre en ligne, qui se dénommait AuctionWeb en 1995, affirme qu’il est né sur le site personnel de Pierre Omidyar, ce qui est vrai, et que la création de cet espace émane de sa femme qui souhaitait échanger et vendre des Pez, ce qui est faux.

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