Zone de confort ou zone d'habitudes ?

Voulez-vous exister dans une vie banale, réglée, écrite à l’avance, sans nouveautés, sans surprises ? Souhaitez-vous pratiquer une langue sans désir, évoluer dans un temps sans merveilles, découvrir un lieu sans couleurs, lire un conte sans fééries ni enchantements ? Sans doute pas. Mais votre zone de confort plaide néanmoins pour cette conjoncture. D’ailleurs, et si nous utilisions l’expression zone d’habitudes en lieu et place de l’expression zone de confort ? 


Zone de confort est une expression que nous ne cessons de lire, et d’entendre. Qui désigne cette propension de l’être humain à rester dans le connu au lieu d’embrasser l’inconnu. De rester dans le statu quo au lieu d'accueillir le changement.


Toutefois, cette zone de confort est souvent tout sauf confortable, tout sauf douillette ou accueillante. Peut-être confortable et sécurisante en surface, toutefois profondément désagréable et source de mal-être en profondeur. Dés lors, pourquoi nous la souhaitons ? Pour quelles obscures raisons nous la plébiscitons ?

D’ailleurs, et si le confort était plus une série d'habitudes ? 


Car c’est par habitudes que l’on reste dans cette zone, ce cercle familier. Par manque de volonté, par fainéantise, par facilité, par peur du danger (qui se révèle fréquemment non réel, mais la peur de la peur est belle et bien présente). Pourquoi consommer et consumer de l’énergie à faire autrement ? C’est si simple de boucler sans réfléchir, de refaire encore et toujours la même chose. 


La zone d'habitudes c’est une vie banale, réglée, écrite à l’avance, sans nouveautés, sans surprises. C’est une langue sans désir, un temps sans merveilles, un lieu sans couleurs, un conte sans enchantements. 

Un constat: enfant, nous ne cessons d’élargir notre zone d’habitudes. Sans peur, sans crainte, sans angoisse face au jugement des autres. On tente, on essaie, on se vautre, on recommence. Nous nous laissons joyeusement entraîner par le courant de la rivière de la vie et nous naviguons, inlassablement, de zone de non-habitudes vers des zones d’habitudes. Un périple sans fin. Un voyage initiatique, et épanouissant. 

Et un matin, un jour, une nuit, l’exploration se termine. L’enfant devenu adulte, sage paraît-il, troque sa hardiesse pour une version de lui-même plus timorée. Les habitudes sont scellées dans le marbre, gravées dans l’inconscient. Indéboulonnables. Des lois indérogeables. 

Comment en sommes-nous arrivés là ? 


Aussi, notre corps, lui, ne se trompe pas. Il ne se laisse pas aisément duper. Il hurle, il bouillonne, il se rigidifie, il se contracte, il exprime une souffrance.


Ecoutez ses coups qui cognent sous votre poitrine. Ressentez cette pression dans votre crâne - qui vous désoriente et qui vous file la gerbe. Sentez ce dos qui n’arrive plus à se redresser sans vous provoquer des râlements de douleurs. 

Ce que vous entendez, ce n’est pas simplement votre coeur qui bat la chamade, ce n’est pas une énième migraine qui se déclare, ce n’est pas seulement votre dos qui gémit de désespoir au fil des années qui passent. Ce que vous entendez, au plus profond de vous, c’est l’enfant (refoulé?) qui sommeille dans votre chair. Cet aventurier qui bouge, qui frappe. Qui veut ouvrir la porte, sortir, s'exprimer. Qui veut explorer, découvrir. Qui n’a cure du jugement des autres. Qui n’a pas peur de la peur. 


J'ai eu beaucoup de problèmes dans ma vie, dont la plupart ne sont jamais arrivés, Mark Twain


Au final, il n’y aucun réel danger à élargir notre zone d’habitudes. A l’agrandir, à l’apprivoiser, doucement. "Au fond, ce qui nous limitent ce ne sont pas les vrais dangers, ce sont nos pensées, nos croyances. Ce sont ces habitudes psychologiques et émotionnelles qui sont la résultante, parfois, de traces très ancienne de ce qui peut être dangereux. Ce qui nous a protégé un jour, enfant, devient ce qui nous limite aujourd’hui. En reconnaissant que ça nous a protégé à un moment, que ça nous a aidé, nous pouvons élargir notre zone d’habitudes et devenir une personne avec tellement plus de possibilités," Ilios Kotsou.


NB: C'est lors d'une interview d'Ilios Kotsou à laquelle j'ai eu le plaisir de participer que j'ai entendu pour la première fois parler de zone d'habitudes. Merci pour cet éclairage, Ilios !

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