Le début est un mystère, la fin une révélation
Le début est un mystère, la fin une révélation. Mais dans l'intervalle, il y a les émotions qui sont les vraies richesses de la vie, Christian Bobin
En une vie, nous sommes confrontés à beaucoup de début. Le début de la vie, le début de la scolarité, le début de la vie de couple, le début de la vie professionnelle, le début de la vie parentale...
Devant l’inconnu,
- On teste et on réussit, ou on échoue, et on re-test. Parfois cela fonctionne, parfois pas. Et on ajoute des données à nos expériences de vie, encore et toujours.
- On a peur, on est dégoûté, on est en colère, on est triste, on est joyeux. Le temps passe et les émotions font place à des sentiments confortables, et parfois inconfortables. Rien n'est figé: il est toujours possible de remettre un peu de "confort" dans les sentiments. La mémoire est souvent plus une auteure de roman fictionnel (frictionnel ?) qu’une factuelle historienne - un souvenir n’est pas une version 100% correcte de la réalité, simplement une reconstruction mentale d’un vécu. Une perception.
Au début toutes les pièces du puzzle sont jetées sur la table, et règne la confusion. Il y a ce qu’on sait, ce que l’on croit savoir, ce que l’on ignore, ce qu’on aimerait faire et ne pas faire.
Comment mettre de l’ordre dans ce chaos ? Comment se dépatouiller avec toutes ces informations, parfois complémentaires et souvent contradictoires ? Comment concilier ce tout dans une histoire cohérente ? Comment amener de la résonance, et de la raison…
La mise en récit et la fabrication de mythes sont des activités humaines qui permettent à notre monde de devenir signifiant
Eh oui ! C'est inscrit - et écrit - dans notre histoire: nous sommes un peuple de conteur, passionnément. Toutes les cultures de l'humanité se nourrissent de récits ; que ce soit des mythes, des fables, des contes, des chansons, des peintures laissées dans des grottes. Par-delà le côté divertissement ces histoires nous offrent plusieurs degrés de compréhension, plusieurs niveaux de lecture, et nous proposent ainsi des clés pour apprivoiser le monde, voire le transformer.
Peut-être que le rôle du sens est de nous réconforter, de nous donner un sentiment de contrôle. Au fond, peut-être n’y-a-t-il pas de sens, de réelle cohérence. "Chercher un sens à quoi que ce soit est moins le fait d'un naïf que d'un masochiste," comme l’écrivait Emil Cioran. Peut-être que le monde est absurde, et que nous ajoutons avec nos histoires de l’absurdité à ce monde, chaque jour.
Se détacher du sens et embrasser la vie, simplement. Avec ses routines et ses aléas. Un jour on nait, un jour on meurt. Un jour est n'est, et un jour on n'est plus. Et entre ces deux journées, indérogeables, rien n'est cent pour cent prévisible et tout est possible ("C'est une chose de penser que l'on est sur le bon chemin, une autre de croire que ce chemin est le seul," Paulo Coelho).
La fin est une révélation, assurément, et ce n'est qu'un nouveau début.
Nous n’aurons de cesse d’explorer, Et la fin de toutes nos explorations Sera de revenir à l’endroit d’où nous sommes partis. Et de connaître le lieu pour la première fois, Quatre Quatuors de T.S. Eliot
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