Heurts et malheurs de la mondialisation, Le Monde selon Stiglitz
De Gary, sa ville natale aux Etats-Unis, en passant par l’Equateur, le Botswana, l’Inde ou la Chine, Joseph Stiglitz nous éclaire sur les heurts et malheurs de la mondialisation. Bienvenue dans Le Monde selon Stiglitz, prix Nobel d’économie en 2001.
Grandeur, volupté, et décadence. Créée en 1906 afin d’accueillir les plus grosses aciéries du monde, Gary s’étend rapidement. En 1950, celle que l’on surnomme « La ville du siècle » est à son apogée. Puis c’est le déclin. Les entreprises ferment les unes après les autres. Il n’y a plus de liquidité pour investir dans les infrastructures, l’éducation, etc. En pleine tourmente, Gary est aux abois. Finalement, les aciéries sont rachetées par l’indien Mittal. Et la « ville du siècle » cherche maintenant à séduire la Chine… Gary, microcosme de la mondialisation ?
La malédiction des ressources naturelles. Plus un pays est riche en ressources naturelles, plus il devrait prospérer. Cela semble logique, être une évidence. Dans la réalité, cette abondance n’est cependant pas source de croissance économique, loin s’en faut, et l’heureux possesseur de ces richesses subit de plein fouet les affres du « paradoxe de l’abondance » ( aussi dénommé la « malédiction des ressources naturelles »).
Voici les données du syllogisme:
- Les pays émergents ont besoin d’argent et possèdent des ressources naturelles,
- Les multinationales, non à court de liquidité, sont eux à la recherche de ce type de ressources,
- La charité n’étant pas dans l’ADN de ces entreprises, green-washing mis à part, elles mettent en concurrence les états,
- Ces derniers acceptent donc peu d’argent et laissent de côté toutes les questions d’environnement et de protection sociale des travailleurs. Les inégalités se creusent. Sans compter que le pays n’a donc pas les moyens d’investir dans ses infrastructures, dans son systéme éducatif, etc.
- Les multinationales minimisent ainsi leurs coûts au détriment des pays émergents (dans lesquels ont lieu les extractions) et maximisent leur bénéfice et ceux de leurs actionnaires.
- Les pays émergents ont besoin d’argent et possèdent des ressources naturelles,
- Les multinationales, non à court de liquidité, sont eux à la recherche de ce type de ressources,
- La charité n’étant pas dans l’ADN de ces entreprises, green-washing mis à part, elles mettent en concurrence les états,
- Ces derniers acceptent donc peu d’argent et laissent de côté toutes les questions d’environnement et de protection sociale des travailleurs. Les inégalités se creusent. Sans compter que le pays n’a donc pas les moyens d’investir dans ses infrastructures, dans son systéme éducatif, etc.
- Les multinationales minimisent ainsi leurs coûts au détriment des pays émergents (dans lesquels ont lieu les extractions) et maximisent leur bénéfice et ceux de leurs actionnaires.
Une prise de conscience ? Ces entreprises et ces dirigeants n’en n’ont cure et se cachent derrière le concept de responsabilité limitée. Et malheureusement, il n’existe actuellement aucune juridiction apte à responsabiliser les actes de ces hommes et de ces sociétés…
Les subventions étatiques, vices du commerce international. Tout jeu dispose de ses propres règles et de son arbitre, les marchés financiers et le commerce international n’échappent pas à cette norme, d’où la mise en place de l’Organisation Mondial du Commerce (OMC). « C’est une organisation qui s’occupe de l’ouverture commerciale. C’est une enceinte où les gouvernements négocient des accords commerciaux. C’est un lieu où ils règlent leurs différends commerciaux. C’est une organisation qui administre un ensemble de règles commerciales. L’OMC est essentiellement un lieu où les gouvernements Membres tentent de régler les problèmes commerciaux qui les opposent », expose avec fierté cette institution.
Un an après sa création en 1994, l’Inde devient membre de l’OMC. 15 ans plus tard, elle déplore plus de 150 000 suicides de paysans. La cause: de mauvaises récoltes, des prix de vente sur le marché qui ne peuvent compenser leurs investissements et aucune subvention pour palier tous ces aléas; au contraire de ce qui se passe en Europe, ou aux États-Unis.
Par conséquent, comment parler de libre échange et de saine concurrence quand nous avons d’un côté un fermier indien isolé, et de l’autre côté un agriculteur subventionné ? Une manne qui lui permet aussi de réinvestir dans son exploitation, d’évoluer, de s’étoffer.
En d’autres termes, les paysans des pays du sud ne sont pas en concurrence avec leurs homologues des pays du nord, mais avec leur gouvernement respectif. Le déséquilibre est réel et tout bonnement intenable. L’OMC doit être plus juste, plus impartiale, en deux mots: plus démocratique. L’OMC doit faire évoluer ses règlementations afin de mettre sur un pied d’égalité les pays émergents face aux pays « riche ». Les subventions ne sauraient exister que partiellement. Les aides ne peuvent plus devenir cette illégitime pierre d’achoppement pour un sain commerce international.
En novembre 2001, une table ronde est alors organisée: ce sont les accords de Doha afin d’établir des règles plus équitables. Un coup d’épée dans l’eau. Peu avant la rencontre, les Etats-Unis et l’Europe trahissent leurs promesses. Humiliés, les pays émergents bloquent les pourparlers. Dés lors, et afin de contourner ce blocage, le commerce international s’établit autour d’accords bilatéraux, souvent inéquitables.
Quid du FMI ? Après la seconde guerre mondiale les accords de bretton-woods donnent naissance au Fond Monétaire International (FMI), dont le rôle est de prévenir au Monde une nouvelle crise (comme celle de 1929), et de la Banque Mondiale (BM), dont le but est d’aider l’Europe à se reconstruire.
Sous la houlette des pays du nord, ces organes imposent, là encore, leurs règles aux pays émergents afin de protéger leurs intérêts. En guise d’exemple, il suffit de comparer l’aide apportée par le FMI au niveau de la crise asiatique de 1997 et celle de 2008 aux Etats-Unis. Le contraste est saisissant. Au niveau de la crise asiatique, la volonté était de protéger les créanciers, coûte que coûte et qu’importe les conséquences. Pour s’assurer de cela, les taux d’intérêts ont été augmenté. Le bilan a été sévère: une récession. En 2008, le problème a été traité autrement ( on aimerait croire que ce changement de cap n’est qu’une réaction envers une erreur du passé. On aimerait…). Afin d’éviter toute récession, les taux d’intérêts ont, ici, été abaissés.
Sous la houlette des pays du nord, ces organes imposent, là encore, leurs règles aux pays émergents afin de protéger leurs intérêts. En guise d’exemple, il suffit de comparer l’aide apportée par le FMI au niveau de la crise asiatique de 1997 et celle de 2008 aux Etats-Unis. Le contraste est saisissant. Au niveau de la crise asiatique, la volonté était de protéger les créanciers, coûte que coûte et qu’importe les conséquences. Pour s’assurer de cela, les taux d’intérêts ont été augmenté. Le bilan a été sévère: une récession. En 2008, le problème a été traité autrement ( on aimerait croire que ce changement de cap n’est qu’une réaction envers une erreur du passé. On aimerait…). Afin d’éviter toute récession, les taux d’intérêts ont, ici, été abaissés.
La globalisation n’est pas une fatalité. Joseph Stiglitz donne quelques pistes de réflexions afin d’instaurer une mondialisation équitable, respectueuse de l’environnement et qui profiterait à toutes les parties. Un plaidoyer dont l’ambition est de transformer toute malédiction en bénédiction, qui préconise des règles afin de rétablir une confiance entre tous les acteurs. Le Monde selon Stiglitz, c’est une leçon d’économie et un message d’espoir.
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