Sa Sainteté, de Gianluigi Nuzzi, la révélation des scandales du Vatican: la face cachée de l’Eglise

En avril 2012, le Vatican tremble après la divulgation de documents confidentiels. Un mois plus tard, la présumée taupe est arrêtée. Il s’agit de Paolo Gabriele, le fidèle majordome du Pape Benoît XVI. Du pain béni pour Gianluigi Nuzzi, journaliste spécialisé depuis 1994 dans les scandales judiciaires italiens: tractations politiques et financières, luttes d’influence, mensonges et trahisons, affaires de mœurs, etc. les grands secrets et petites cachotteries se retrouvent dorénavant étalés dans « Sa Sainteté », un livre édifiant.
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Avec une superficie totale de 0,44 km² qui abrite 800 âmes, Le Vatican, ou État de la Cité du Vatican, est le plus petit Etat du Monde. Accessoirement, le Saint-Siège est également un état totalitaire ou tout semble pouvoir se vendre…
« Un pontife octogénaire manipulé par ses cardinaux » et « sous la surveillance de la gendarmerie Vaticane», comme le rapporte Le Canard enchainé (29/08/12). De quoi comprendre la crise de foi qui peut s’emparer de tout prétendant à la fonction de « Père Béatissime »; comme en témoigne ironiquement le dernier film de Nanni Morreti, Habemus Papam.
En effet, comment ne pas se sentir oppressé dans un état où les conversations privées, les perquisitions et les filatures sont effectuées par la police sans aucun contrôle et dont le sacro-saint leitmotiv semble être: Prière de ne pas respecter ma vie privée.
Le commerce de ton corps, tu ne feras. Selon Gianluigi Nuzzi, le privilège de tenir la main et de baiser l’anneau du Pape, après l’audience hebdomadaire, est soumis à «  la dime ». Par jour, le chiffre d’affaire de ces séances s’élève alors entre 40 000 et 150 000 €.
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D’autres confidences filtrent, comme celle d’un présentateur de la télévision italienne qui se délaisse de 10 000 € pour les bonnes œuvres du Saint-Siège afin d’obtenir une audience. Ou de cet ancien directeur de la banque du Vatican (l’Institut pour les Œuvres de Religion ou IOR) qui brade son job sur l’autel des mannes du Roi Midas: débourser pas moins de 50 000 € en monnaies sonnantes et trébuchantes pour espérer le garder.
La richesse ne saurait trouver grâce dans la luxure. Seule limite, « l’argent du sexe n’est pas le bienvenu» (Le Canard). Néanmoins, seulement à compter du moment où son origine, telle le saint suaire de Turin, est dévoilée. Dés lors, jusqu’en 2011, l’Église Allemande possédait une lucrative maison d’édition dont le cœur de métier était la publication de livres pornographiques…
Le 26 mai 2012, le communiqué du directeur de la salle de presse du Saint-Siège indique: « Je confirme que la personne arrêtée mercredi pour possession illégale de documents confidentiels, retrouvés à son domicile situé sur le territoire du Vatican, est M. Paolo Gabriele, qui reste incarcéré ».  Depuis, la voix du présumé coupable reste impénétrable. A vous de découvrir la face cachée de l’Eglise dans cette incroyable enquête signée Gianluigi Nuzzi.
apsa
Le 15 juin 2013, en pleine messe: « Saint Pierre n’avait pas de compte en banque », ironise  le pape François.
En guerre contre l’IOR, « cet établissement riche de 7 milliards d’euros en dépôt » et qui vient de faire grâce d’une allonge de « 50 millions d’euros » afin que la « papauté boucle ses comptes », le pontife ne mâche pas ses mots contre cette démoniaque représentation de l’ennemi finance, comme le déclare Le Canard enchaîné du 21/08/2013.
Mais connaissez-vous l’Apsa, créée en 1967 par le pape Paul VI ?  L’Administration du patrimoine du siège apostolique, qui n’est d’autre que la véritable banque d’affaire du Vatican: « un établissement financier charger de faire fructifier les liquidités et de gérer les participations et les biens immobiliers du Saint-Siège. »
Au nom du pèze, du fisc et du Saint Pécule. Discrète, l’Apsa opère dans la plus grande opacité, ne publiant aucun bilan, ni aucun compte d’exploitation. Et que remarque t-on, en fouillant un peu sur ses activités ? Pas un euro investi dans le logement social, qui ne rapporte pas assez. « La papauté ne fait que dans le luxe », écrit Le Canard avant d’énoncer les investissements en Suisse et à Paris, dans de luxueux hôtels, et autres immeubles particuliers. Au journal de conclure: « le comité d’experts sur la lutte contre le blanchiment du Conseil de l’Europe avait relevé en juillet 2012 que l’Apsa échappait à toute surveillance », et de rajouter que: « depuis, rien n’a changé. »

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