J’ai changé de lunettes…

C’est l’ophtalmologue le plus antipathique, le plus asocial que j‘ai pu rencontrer dans ma courte carrière de myope. Je comprends mieux l’ironie de son assistante qui, après un ordre, sec, de son boss, rumine, dans un couloir qui l’amènera vers une grande armoire: « tout ce que vous voulez, Monsieur, je suis à vos ordres Monsieur. »
Le constat est que ce médecin des yeux ne laisse pas ses patients s’exprimer. Des années d’expérience qui ont du le rendre omniscient. Assurément. Cependant, s’il n’est jamais agréable de faire couper la parole dans la vie de tous les jours, par un médecin, c’est encore plus rageant. Même incompréhensible.
Mon ordonnance en main, et deux semaines plus tard, j’embarque deux amis chez un opticien. Après 5 ans à porter les mêmes lunettes, et avec des verres qui ont maintes fois connu l’essuyage d’un « rayant » revers de chemise, il fallait les changer.
« Vous désirez quel type de lunette ? »
« Je ne sais pas. Des lunettes qui me vont ( une tautologie ?, ndlr ). Qui ne choque pas les gens ( une tautologie ?, ndlr ). Qui m’embellissent un chouia, si possible »
Un discours empreint de Narcissisme, je l’admet a posteriori:
« Toujours est-il que je ne souhaite pas de lunettes imposantes, en plastique. J’ai essayé, ça ne me va pas. »
« Ah bon ! », j’entends après que l’opticienne me tende une telle paire.
Par acquis de conscience, et parce qu’adepte du test, fail and learn, j’expérimente lesdites bésicles. Je me retourne vers mes amis, puis vers celle qui habille mes yeux de taupe.
« Elles te vont carrément »
« Ah ? », j’articule, surpris. Je colle mon nez à un miroir afin de percevoir ce à quoi je ressemble avec ces nouvelles binocles, je rappelle que la myopie est le fait de ne voir au loin.
C’est vrai, elles me vont bien.
Perplexe, je balbutie, et dis, en souriant:
« Vous êtes embêtante », avant de rajouter: « Je vous avait dis que je ne voulais pas ce genre de lunettes, que ça ne m’allait pas, et maintenant je doute. Elles sont cool. Vous avez l’œil (une blague ? Un trait d’esprit ? ndlr)»
Puis, la valse des supports pour quatre yeux continue, avec notamment des lunettes en plastique qui ne me vont vraiment pas. Je subodore qu’on me les a filé afin ne pas heurter ma susceptibilité et que mon discours «ça ne me va pas » puisse tout de même se vérifier. Bien joué. ;)
Ensuite, j’essaie des lunettes du même type que celle que je porte. Sauf que je repense sans cesse à la première monture, que je décide finalement d’acheter. Notez bien que l’achat de ce genre de bésicles n’était pas de mon fait.
Tout comme il n’était pas prévu que je garde la barbe. Deux semaines de vacances sans me raser, une flemme en rentrant, et voilà que quatre semaines passent, à porter une naissante barbe ( je me rase qu’une fois par semaine, pour l’histoire, car j’ai une pilosité qui, au niveau du visage, prends tout son temps pour se manifester)
Les réactions sont positives. Donc, oui, je porte la barbe depuis peu.
Sinon, ai-je dis que ma garde robe était constituée de chemises? Dont des chemises à carreaux ?
Conclusion: barbe, chemises à carreaux (de temps en temps), lunette en plastique, et voilà que titre la presse: “ LES HIPSTERS FONT S’ÉCROULER LE MARCHÉ DU RASOIR “
Merde, je suis un hipster ? Concernant le déclin de la vente des lames de rasoir, je ne me sens pas trop coupable, moi qui me rase peu, et qui, comme chacun d’entre nous, peste pour cette pratique des subventions croisées: vendre à bas prix un rasoir, pour se faire une belle marge sur les lames vendues à des prix exorbitants.
Je pensais que j’étais un peu geek, un peu bobo. Maintenant, me voilà un hipster.
Je m’y perds. Surtout, suis-je un hipster, ou m-a t-on transformé comme tel ? En même temps, le choix définitif me revient.
Bref, comme dirait l’autre, je porte de nouvelles lunettes. Et j’en suis très content, hipster ou pas ;)
hipster

Commentaires

Articles les plus consultés