Salle de sport: torture, narcissisme et bienfait
Une trentaine d’êtres humains enfermés dans une pièce mal aérée et bourrée d’engins aux formes les plus étranges et dont le but est de faire fonctionner chaque muscle de leur corps ; ça schlingue autant que le passage d'un camion d'équarrissage et ça diffuse une chaleur infernale. Bienvenu dans une salle de sport.
Il est 19h30, le pic de "pollution sueur" est atteint. Je franchi la porte de la salle de sport et je transpire déjà: quelle chaleur. Les verres de mes lunettes s’embuent. Je ne vois plus rien. Toutefois, je sens. Mon nez est assailli par des salves d’odeurs toutes plus incommodantes les unes que les autres. Une excessive transpiration embaume cette pièce de 200 mètre carré. Une commune hyperhidrose à laquelle je participerai, bientôt.
Il est 19h30, le pic de "pollution sueur" est atteint. Je franchi la porte de la salle de sport et je transpire déjà: quelle chaleur. Les verres de mes lunettes s’embuent. Je ne vois plus rien. Toutefois, je sens. Mon nez est assailli par des salves d’odeurs toutes plus incommodantes les unes que les autres. Une excessive transpiration embaume cette pièce de 200 mètre carré. Une commune hyperhidrose à laquelle je participerai, bientôt.
C’est l’heure de pointe. Rares sont les machines inoccupées. Je me fraye un chemin vers un vélo. L’écran est tactile, je joue avec. Je choisis un entrainement escapade en montagne. Je personnalise mon moniteur en lui transmettant mon âge et mon poids. La machine est calibrée pour ne pas accepter les Hommes de plus de 120 ans et ceux qui pèsent plus de 227 kilos.
Je peux mettre la TV. Pléthore de stations sont disponibles.
Le hic, je n’ai pas d’écouteurs.
Je tente de lire sur les lèvres.
Je n’y parviens pas.
A côté de moi, une jeune fille, 14 ans maximum. En face de moi, un homme assez âgé qui ruisselle autant qu’une passoire qu’on essaierait de remplir d'eau.
Il tousse. Il grogne. Même s’il ne bouge pas d’un iota, je suis quasi certain qu’il entame dans la douleur l’ascension du Mont Ventoux, à la recherche du maillot à pois. Ce n’est pas gagné, y’a-t-il un défibrillateur dans la salle ?
Je tapote de nouveau sur mon écran, ce nid à bactéries. Je pense qu’une salle de sport est l’un des endroits les plus torturant qui puisse exister pour un esprit qui souffre d'hypocondrie. Tous ces miasmes déposés par toutes ces personnes.
Pourtant, je remarque la civilité des sportifs qui, avant de migrer d’un appareil à un autre, lavent consciencieusement leur machine à l’aide d’un produit anti-bactérien.
Mon objectif, c’est de faire 15 km sur ma bicyclette de salon.
L'objectif de mon vélo sans roues, c’est que je brûle 500 calories.
Au final, je ferai mes 15 bornes, sans pour autant atteindre une perte de calories aussi conséquente.
A ma gauche, deux mecs viennent d’arriver. Ils discutent. Leurs yeux sont plissés et embrassent, d’un regard calculé et stratégique, toute la pièce, appréciant d’un œil gourmand les corps en sueur moulés dans des leggings et des t-shirts mouillés qui, pensent-ils, s’offrent à eux. Leur rire est tout aussi gras que leurs remarques.
Après mon escape à vélo, je m'initie au rameur. Puis, ma curiosité me pousse à tester une machine (l’elliptique) qui fait travailler les bras et les jambes dans une démarche ski de fond. Puis le step, cet appareil qui reproduit la montée d’un escalier à l’inclinaison plus ou moins « sisyphe-ienne ». L'être humain est si habitué à utiliser les ascenseurs et les escalators qu'il en oublie qu'un autre moyen d'atteindre un sommet est de passer par un escalier. Sur le moniteur de mon step, il y a pleins de touches. Je ne comprends rien.
Au final, je ferai une dernière activité: le tapis roulant. Pendant ma "marche immobile" se dresse, devant moi, à travers les vitres, une enseigne de fast-food.
Mieux vaut ne pas avoir faim ou avoir bon goût en matière culinaire ;)
Salle de musculation, l’antichambre du narcissisme. Avant de partir, je chemine nonchalamment vers une aile inexplorée de la salle de fitness. Celle qui regroupe les machines à pectoraux, à abdominaux, etc. Bref, les machines à faire de la gonflette. Un autre monde. Des bodybuildeurs et des bodybuildeuses qui, savamment, opiniâtrement, lèvent de la fonte.
Je ne me sans pas à l’aise. Je les regarde. Ils me regardent, moi et ma carrure de crevette.
J’ai faim. Je lorgne vers le distributeur de crasse. Je constate que le marché de la bouffe dans une salle de sport est segmenté. Des barres protéinées, des boissons énergisantes.
Le mur des coachs sportifs. Sur le mur est placardé un tableau: « Vous désirez un coach personnel ? » Des noms, des prénoms, des photos, des cartes de visite et des slogans présentent des hommes et des femmes dont le but est de vous remettre sur le suintant chemin de la forme physique.
En définitif, je ne pense pas avoir été très pugnace dans l’utilisation des automates à transpiration. Néanmoins, à la fin de mon entrainement, j’étais crevé, complètement « boum-paf », pour reprendre une expression bruxelloise. Et fière du peu que j’ai pu accomplir. (Donc j'y retournerai.)
Par contre, quel dommage que toute cette énergie humaine, renouvelable mais polluante, ne soit pas pleinement utilisée. Un potentiel qui pourrait générer assez d’électricité pour que le bâtiment devienne indépendant, auto suffisant. Imaginez ! Quelle économie si chaque engin sportif était muni d’une dynamo. ;)
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