Aux auteurs inconnus des livres

Jack est écrivain. Jack s’inspire en lisant le monde, et en lisant des livres. Son bureau est un labyrinthe bricolé d’un dédale de livres: des piles et des piles de bouquins jonchent le sol, forment des murs, flèchent une direction vers un confortable siège en cuir rouge qui loge devant une fenêtre qui donne sur son jardin - une peinture vivante et mouvante dont il ne se lasse pas. 

Jack ne prend jamais de note. Jack ne crois pas en la vertu des copions. Jack laisse s’infiltrer dans son cerveau les mots, les phrases et les paragraphes qu’il découvre au fil de ses lectures. Comme le sachet de thé qui infuse lentement dans l’eau chaude, son cerveau bouillonne au contact des écrits: mouvement brownien de lettres, chaos de mots et de phrases qui s’entrechoquent. 

Jack a confiance. Jack fait confiance en la métamorphose de toutes ses pages lues, de toutes ses pages passées en lui, de toutes ses rencontres littéraire - ce que transmet un ouvrage c’est aussi la présence de son auteur, de son âme. 

Au moment d’écrire Jack est chef d’orchestre. Jack se laisse surprendre par la musicalité des mots qui lui viennent en tête, par l’improvisation de ses musiciens: tous ces auteurs lus qui, dans un mélodieux brouhaha, s’expriment. Jack accueille alors les phrases qui émergent comme autant d’hommages à ses pairs et qui noircissent ses pages blanches. 

Tous les ouvrages de Jack commencent par la même phrase - Aux auteurs inconnus de ce livre: vous, nous ! Merci ! 
 “Un livre, un vrai livre, ce n’est pas quelqu’un qui nous parle, c’est quelqu’un qui nous entend, qui sait nous entendre, “C. Bobin 

A lire: Mémoire, oubli, plagiat, incubation et admiration: une quête de soi. 
Lorsque l’on évoque le passé, que l’on fait appel à nos souvenirs, peut-on parler de vérité historique ? Ou doit-on assumer une simple vérité individuelle et subjective ? La mémoire est dynamique, varie avec le temps et l’oeil de l’esprit est rarement emmétrope: parfois myope, parfois astigmate, parfois presbyte, parfois aveugle. La mémoire est souvent plus une auteure de roman fictionnel (frictionnel ?) qu’une factuelle historienne. C’est aussi sa force, et une source de notre créativité. Lire la suite !

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