Facebook à la recherche de son nombre de Dunbar

« The problem they’ve run into, the problem of sharing, of Zuckerberg's law, is that the News Feed has turned into a black hole and collapsed under its own weight, » Benedict Evans.

En 1993, le nombre de Dunbar dispose qu’un individu ne peut entretenir une amitié stable qu’avec, au maximum, 148 personnes. Vingt et ans plus tard, les réseaux sociaux semblent battre en brèche ce chiffre: via le web, notre tissu social ne cesse de s’étendre. Sur facebook, entre les amis et les mentions « j’aime » accordées à diverses pages, l'anthropologue Robin Dunbar, qui se fiait pourtant sur la taille de notre néocortex afin d’établir cette limite, s’est sans doute trompé. Oui et non, car pléthore de ces relations ne sont que superficielles. Néanmoins, si facebook commençait à approcher son propre nombre de Dunbar ? 

« N'être plus écouté: c'est cela qui est terrible, » Camus. Qui n’a pas entendu des gens s’étonner de n’avoir vu passer une information sur facebook ? Qui n'a pas entendu des gens accuser la firme de Palo Alto de censure ? Qui n'a pas pesté de ne plus constater l’activité de certains de ses amis ? Qui n’a pas entendu des entreprises se plaindre d’être de moins en moins présentes dans le « News Feed » du réseau social ?
Bien sur, dans ce cas il y a le remède publicité afin d'accroître cette visibilité, mais le retour sur investissement est si faible que cette panacée apparaît comme un placebo qui indispose l'humeur vénale des sociétés. Pourquoi dépenser de l'argent pour si peu d'effet ? 


Victime de son succès. La loi de Zuckerberg, exposée par Jeff Jarvis dans son ouvrage "Tout nu sur le web",  affirme que chaque année le nombre de partage d’informations doublera sur facebook. Devant cette vision sociale de la loi de Moore, on s'émerveille et on s’extasie devant les échanges de tant photos, de messages, de jeux, de sondages, etc. Sauf que cette appétence du réseau social généraliste ( à la différence, donc, des réseaux plus spécialisés comme Twitter, Instagram, What’s App, Snapchat, Pinterest, etc.), rapproche facebook de la grenouille de cette fable de La Fontaine: 

Une Grenouille vit un Boeuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un oeuf,
Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille,
Pour égaler l'animal en grosseur,
Disant : "Regardez bien, ma soeur ;
Est-ce assez ? dites-moi ; n'y suis-je point encore ?
- Nenni. - M'y voici donc ? - Point du tout. - M'y voilà ?
- Vous n'en approchez point. "La chétive pécore
S'enfla si bien qu'elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout petit prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages.

De la loi au paradoxe Zuckerberg. « The amount of sharing that Facebook is trying to cram through its News Feed is now starting to turn into a problem for Facebook, » dispose Benedict Evans, analyste freelance, avant de rajouter qu’en août, Facebook avait révélé que: « every time someone visits News Feed there are on average 1,500 potential stories from friends, people they follow and Pages for them to see, and most people don’t have enough time to see them all. These stories include everything from wedding photos posted by a best friend, to an acquaintance checking in to a restaurant. » Et à Evans de conclure« Let's say the average Facebook user is awake for 17 hours a day. To consume all that stuff, they would take in 88 new items per hour, or 1.5 things per minute. That's just not possible. » Dés lors, à combien estimer le nombre de Dunbar sur facebook ? Cette limite qui ferait que je peux suivre sereinement les activités des personnes et des pages dont je suis fan.

Au risque d’imploser, le néocortex algorithmique de facebook sature donc sous cette éparse masse de données partagée chaque jour par une énorme communauté. Au sein de cette longue traîne, des filtres seront surement d’un grand secours. De son côté, la firme de Palo Alto annonce, le 6 août 2013, une nouvelle mise à jour de son News Feed ranking algorithm. « Avant, les personnes ne lisaient, en moyenne, que 57 % des histoires présentes sur leur News Feed. Ils ne scrollaient pas assez afin de voir les 43 % restantes. » Mais maintenant qu’elles refont surface grâce au nouvel algorithme, « la fraction des histoires lues est passée à 70 %. » Qui plus est, une augmentation de 8 % des mentions « J'aime », des commentaires et des partages d'info ont été constaté sur les pages. 

C'était il y a quasi un an. Depuis, la loi de Zuckerberg n'a pas été démenti, et ce même si facebook peine à convaincre la nouvelle génération, les jeunes. Dés lors, comment se dépatouiller avec tant de données au sein d'une même et unique structure...

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