Egarement, discernement, confusion et simplicité

"Celui qui librement n’assume pas son destin, qui ne se tient pas debout face à l’inacceptable, celui qui se fait le suiveur, l’imitateur, le répétiteur de quiconque, n’assume pas sa parole et son désir ne fait pas le poids," Jean-Yves Leloup 

Des questions existentielles. Comment sommes-nous arrivés là ? Pourquoi sommes-nous là ? Comment réussir sa vie ? Qui suis-je ? D’où est-ce que je viens ? Rappelez-vous vos cours de physique: nous sommes principalement fait de vide, et de non-matière. Toute chose présente sur Terre, vivante ou inerte, est constituée d'atomes. Et les atomes, c'est du vide à pratiquement 100%: L’être humain, c’est donc du vide à 99,9999 % ! Et la physique quantique considère qu’au plus infime niveau subatomique, les particules elles-mêmes ne proviennent pas d’une particule: la matière provient de quelque chose qui n’a pas de forme. C’est flippant. Et devant cette angoisse, l’être humain tente de trouver un sens ; le cerveau n’aime pas ne pas comprendre, ne pas attacher de sens à ce qui arrive. Il y en a un, nécessairement. Et face à toutes ces questions, ces inconnus, ces zones de non confort, l’être humain est souvent démissionnaire. Et lorsqu’il trouve un bout de discours qui semble lui convenir, il a tendance à s’y engouffrer. Aveuglément. C’est tellement plus simple. L’Homme n’aime pas, toujours, être libre. Etre libre, c'est compliqué, et l'Homme a tendance à aimer la simplicité. Et comme le dit Daniel Kahneman:"Il nous arrive d’être aveugles face aux évidences et nous sommes aussi aveugles face à notre aveuglement."

Du bénéfice secondaire de ne pas être libre. "L’Homme n’aime pas toujours être libre, il aimerait être dispensé de penser par lui-même; qu’on lui dise une fois pour toutes ce qui est bien et ce qui est mal. Il n’y aurait plus qu’à obéir et à connaître le bonheur. La plus grande force de tous les inquisiteurs est dans notre démission. Dans les sectes, comme ailleurs, c’est alliance morbide du bourreau et de la victime qu’il s’agit de dénoncer," Jean-Yves Leloup, "Sectes, Églises et religions: Éléments pour un discernement spirituel" Concernant, justement, le discernement: c'est quoi, une secte ?

Qu’est-ce que qu’une secte ? Quand peut-on parle de sectarisme ? Quand y a-t-il un phénomène sectaire ? 

  • Lorsque nous sommes en présence d’une conscience d’appartenir à un groupe détenant le monopole de la vérité et du salut, il y a sectarisme.

 "Certains peuvent y voir un facteur de sécurisation." La sécurité est-elle le bonheur ? Non, mais pour des tempéraments angoissés, elle est de première nécessité. "Et nous sommes alors prêt à sacrifier notre liberté pour obtenir, si ce n’est la Réalité, au moins une promesse de certitude et de sécurité."

  • Lorsqu’un groupe se considère comme autosuffisant, il y a sectarisme. 

"Le contact avec les autres n’a pour but que de les convertir, de les assimiler. Certains y verront un facteur de cohésion affective de type schizophrénique."

  • Lorsque la primauté est donnée aux principes ou à la doctrine, et à son interprétation authentique sur les personnes, il y a sectarisme. 

Lorsque l’école de la lettre triomphe sur l’école de l’esprit, lorsque l’on cesse de raisonner aux messages métaphoriques pour y attacher une exégèse réductrice, lorsque la littéralité prend l’ascendant sur le symbolisme. Lorsque tout cela est présent, il y a une négligence, une perfidie, une infidélité quant au message original. "On se sert de l’Ecriture, on ne la sert plus; elle est utilisée comme un voile qui fait oublier le visage de l’homme, alors qu’elle fut écrite pour le révéler. Ce qui prime, c’est la lettre identifiée à la volonté de Dieu, et la lettre tue. Certains y reconnaîtront une rigidité doctrinale et disciplinaire de type paranoïaque."

"S’il faut aimer l’autre comme soi-même, il faut aussi s’aimer soi-même comme un autre. Il y a un devoir d’être heureux pour le bien de tous," Jean-Yves Leloup 

Comment savoir si le mouvement, le courant de pensée qui m'inspire, n'est pas "sectaire". Jean-Yves Leloup propose une question, que l'on peut aisément décliner. Cette question commence par: est-ce que l’association, la secte, le parti, l’église, la religion, etc. dans laquelle je me trouve actuellement me rend plus...
  • Est-ce que l’association, la secte, le parti, l’église, la religion dans laquelle je me trouve actuellement me rend plus intelligent ? 
"L’institution dans laquelle je me trouve ne pense-t-elle pas à ma place, ne me dicte-t-elle pas ce qui est bien, ce qui est mal ? Stimule-t-elle plutôt ma propre pensée?"

  • Est-ce que l’association, la secte, le parti, l’église, la religion dans laquelle je me trouve actuellement me rend plus aimant ? 
"Mon église, mon association, ma religion m’aident-elles d’abord à m’aimer moi-même (sinon, comment aimer l’autre comme soi-même?) puis à aimer mes amis, avant d’enfin me rendre capable d’aimer mes ennemis ?"

  • Est-ce que l’association, la secte, le parti, l’église, la religion dans laquelle je me trouve actuellement me rend plus vivant ?
"Il ne s’agit évidemment pas d’être bien dans sa peau, d’être en pleine forme, mais de se rapprocher des sources vives de sa vie qui, jusqu’au dernier moment, nous donneront une certaine qualité de force et de transparence. Puissance désarmée de celui qui est un avec ce qu’il est, sans rien ajouter, sans rien retrancher."

  • Est-ce que l’association, la secte, le parti, l’église, la religion dans laquelle je me trouve actuellement me rend plus libre ?

"Il faut se demander si dans une secte “la porte reste bien ouverte dans les deux sens”. Peut-on sortir aussi facilement qu’y entrer, sans avoir l’impression de trahir la communauté, d’être damné, ou poursuivi par des esprits ou des forces qui ne nous pardonneront pas ce qu’on appellera notre “apostasie”?"

Pourquoi sommes-nous là ? Comment réussir sa vie ? Entre mirages, et illusions: la recherche du sens, cette grande Soif. "Les Bushmen du désert de Kalahari parlent de deux sortes de "soif". Il y a la Grande soif et la Petite soif. La Petite soif revient à se désaltérer, tandis que la Grande soif, la plus grande de toutes, c'est la soif de sens. Ultimement, il n'y a qu'une seule chose qui rend les êtres humains profondément amers, c'est de s'imposer une vie sans signification. Il n'y a rien de mal à rechercher le bonheur... Mais pour le confort de l'âme...il existe quelque chose de plus grand que le bonheur ou le malheur, et c'est le sens. Car le sens transfigure tout... Lorsque ce que vous faites a un sens pour vous, il importe peu que vous soyez heureux ou malheureux. Car vous êtes serein - vous n'êtes pas seul en esprit - vous avez un sentiment d'appartenance." (The Journey of Sir Laurens van der Post) 

Surtout: devenez qui vous êtes. Et si nous célébrions les brides, les morceaux qui, ici et là, au fils de nos découvertes, tant dans des lectures de livres, de pamphlets, de poèmes, etc. tant dans des discours, etc. nous touchent. Et si nous faisions notre marché. Un peu de ceci, avec un peu de cela, et une partie de ça, et non pas qu’une restrictive et aveuglante vérité. Et si chacun établissait sa propre Loi. 

"Au fond, je n’ai tenu qu’à vous conseiller de croître selon votre loi, gravement, sereinement. Vous ne pourriez plus violemment troubler votre évolution qu’en dirigeant votre regard au dehors, qu’en attendant du dehors des réponses que seul votre sentiment le plus intime, à l’heure la plus silencieuse, saura peut-être vous donner," Maria Rainer Rilke

Pour aller plus loin: 
- Jean-Yves Leloup, "Sectes, Églises et religions: Éléments pour un discernement spirituel"
- Hasten Slowly, The Journey of Sir Laurens van der Post, BBC
- Le Virage, Dr Wayne W. Dyer, 145 pages, éditions: J'ai Lu
- Système 1, Système 2, Daniel Kahneman
Les citations de Jean-Yves Leloup, pour partie, sont issues d'une formation à laquelle j'ai récemment participé. Maitre-Praticien en PNL à l'institut Ressources.

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